Final Fantasy XIV compte à ce jour environ 38 millions de joueurs au total pour un peu plus d'un million de joueurs quotidiens selon les chiffres de MMO-Population. Autant d'âmes qui ne jurent que par le MMO de Square Enix et y ont trouvé refuge. Progressivement, je me fonds dans cette masse chaleureuse.
Je suis un joueur jaloux. C'est du moins la manière dont je décrirais ce sentiment qui m'éprend régulièrement en parcourant les réseaux sociaux. Un jeu sort, et tout le monde ne fait qu'en parler avec des étoiles dans les yeux. La bonne parole est prêchée à longueur de journée, les astuces sont partagées entre tous les aficionados, la moindre annonce provoque des "Youtube reacts" larmoyants de bonheur. Et me voici, le cul vissé dans mon canapé, à me dire que… bordel, moi aussi j'aimerais ressentir ça. Faire partie d'une communauté qui exulte sa joie immense, face au monde. Qui se comprend, se respecte et se chamaille instinctivement. Qui a nourri son petit jardin de paix et de tranquillité dans les vastes étendues arides d'internet.
Et puis, j'essaie… et je n'accroche pas. Pas mon univers graphique. Pas mon style de gameplay. Pas mon délire. Voilà le joueur jaloux que je suis : je regarde bougon par ma petite lucarne virtuelle les heureux joueurs gambader gaiement, dansant en cercle au rythme de leur passion. Rares sont les communautés que j'ai autant envié que celle de Final Fantasy XIV. La gentillesse et la chaleur qui en émanent n'ont eu de cesse de me rappeler à "la bonne époque" des MMO de mon adolescence, World of Warcraft en tête, avec pour seul résultat de multiples essais vains de m'y mettre. Jusqu'à ce que récemment, ma vie professionnelle me permette de me plonger vraiment dans Final Fantasy XIV. D'enfin faire un saut de l'ange qui me plongera très probablement dans une nouvelle passion.
À l'origine du royaume, il y eut le big bang
Avant de vous parler de Final Fantasy XIV : A Realm Reborn, il me vient l'envie de vous parler de Final Fantasy XI. Le premier MMO dans l'univers de la licence culte de Squaresoft est resté une affaire de niche en Europe, mais ce fut loin d'être le cas dans d'autres parties du monde. Final Fantasy XI a été un pilier du genre sur bien des aspects, et son impact a été phénoménal. Pour la PS2, ce fut l'un des grands moteurs de l'expansion du jeu en ligne sur console : le jeu est notable comme étant l'un des grands pionniers de son époque, après que la Dreamcast a eu surfé sur la vague de Phantasy Star Online et avant que la génération PS3/Xbox 360 ne vienne mettre le dernier coup de marteau. Il est aussi le premier MMORPG de l'histoire à offrir le cross-play entre le PC et une console. Surtout, il a eu un impact culturel phénoménal en permettant à des joueurs américains et japonais de jouer sur les mêmes serveurs. Pendant ces années, il était impossible d'aller au Japon sans croiser une référence à Final Fantasy XI et son univers. Un mastodonte.
Et puis… il y eut Final Fantasy XIV. Passer après une œuvre si chère à de nombreux joueurs n'est jamais de tout repos, mais l'histoire va bien au-delà. La première version du MMORPG avait tout de la catastrophe industrielle. Sorti en septembre 2010 après une bêta remplie de bugs et sous les huées des joueurs comme des critiques internationales, le jeu était si mal foutu et si pauvre en contenu que le président de Square Enix de l'époque, Yoichi Wada, est personnellement venu s'excuser deux mois plus tard auprès des joueurs. Les ventes du jeu ont été arrêtées, la nécessité de payer un abonnement mensuel a été retirée, l'équipe de développement a été intégralement chamboulée et le studio a demandé aux joueurs de rester patients en attendant qu'ils puissent sortir une version revue et corrigée. La nouvelle équipe, dirigée par Naoki Yoshida (ou Yoshi‑P) qui travaillait sur le MMO Dragon Quest X exclusif au Japon, a dû reprogrammer de zéro sa nouvelle version de Final Fantasy XIV face aux erreurs de l'équipe originelle.
Un cataclysme parmi les plus massifs jamais vu dans l'industrie. Yoichi Wada a même été jusqu'à le considérer comme le plus gros dégât jamais subi par la marque Final Fantasy, alors même que le film Les Créatures de l'Esprit existe. Mais l'équipe de Yoshi‑P a fait un travail phénoménal pour fournir Final Fantasy XIV : A Realm Reborn, la version que nous connaissons actuellement, qui n'a eu de cesse, une extension après l'autre, de faire croître la popularité de son univers. Aujourd'hui, son équipe est même en charge de Final Fantasy XVI ; il est la nouvelle poule aux œufs d'or de l'éditeur japonais. Quant à la sortie catastrophique du jeu, elle ne sert plus qu'à souligner à quel point il est parti de loin et illustrer le chemin parcouru pour devenir le MMORPG le plus plébiscité au monde de nos jours, alors que World of Warcraft perd toujours plus de sa superbe.
Se goinfrer des meuporg
Cependant, ce n'est pas sous cet angle que je veux aborder Final Fantasy XIV. Voyez-vous, je n'ai pas vraiment de lien avec la série Final Fantasy. Quelques anomalies mises à part, l'univers n'a pas vraiment su m'accrocher. Mais j'ai beaucoup d'amour pour le MMO, ayant passé mon adolescence en tant que joueur PC convaincu, grand fan de Warcraft III : Reign of Chaos et naturellement parmi les premiers sur World of Warcraft… via un serveur privé. Parce que l'abonnement mensuel n'était pas donné à tout le monde ma bonne dame. C'est grâce à WoW que j'ai connu mes week-ends gaming entre amis les plus mémorables, que je suis arrivé au collège avec des cernes monstrueuses, et que j'ai découvert le charme enivrant de croiser de véritables joueurs sur ma route.
J'ai essayé plusieurs fois de me mettre à Final Fantasy XIV : A Realm Reborn, mais rien n'y a fait. La première était sur ma PS3, alors très curieux de voir ce que pouvait bien donner un MMORPG à la manette. Et puis sur PS4, en me disant que ça ne mangeait pas de pain de tenter une nouvelle fois. Très récemment sur PS5, curieux de voir ce que la dernière mise à jour avait à offrir sur une architecture moderne. Il a cependant fallu attendre tout récemment, alors que je peux désormais streamer très régulièrement, pour que je m'y mette vraiment. Et après quelques dizaines d'heures passées dessus, rendues possibles par le fait de ne pas avoir à payer d'abonnement avant le niveau 60, je le sens déjà au fond de moi : cette première dose "free to play" ne suffira pas.
Lalafell est plus folle
Si mes précédentes tentatives se sont soldées par des échecs, je peux dire aujourd'hui que c'est de la faute d'une chose : World of Warcraft. En démarrant le jeu, difficile pour moi de ne pas voir l'interface des "MMO de cette époque-là". Je suis resté bloqué sur l'idée que tout y serait donc prévisible, et ai fermé mon esprit avant même de lui donner une véritable chance. La principale nouveauté est finalement restée la même pour moi : jouer à la manette. L'interface de Final Fantasy XIV est vraiment bien conçue pour cela, et permet de jouer beaucoup plus confortablement que sur n'importe quel autre MMO. Même Lost Ark, qui pourtant cherche lui aussi à être accessible de la sorte. Je ne saurais souligner avec précision ce qui rend cela si agréable, mais l'évidence est là : je peux jouer en cloud absolument partout à ce titre sans le moindre problème, et c'est un énorme avantage en sa faveur.
Mais ce qui me fascine aujourd'hui sur Final Fantasy XIV, c'est sa boucle de gameplay. S'il est visuellement similaire à tous les autres MMO, il ne pousse pas le jeu à plusieurs autant qu'on pourrait le penser. Sur FF XIV, il est possible de jouer les loups solitaires confortablement. Particulièrement depuis la dernière mise à jour, qui permet de jouer avec une équipe de bots sur les plus anciens donjons du jeu qui n'étaient pas encore concernés par cette nouveauté. D'autres MMO m'ont toujours donné la sensation de passer à côté de leur intérêt principal en n'étant pas particulièrement intéressé par le PvP, le PvE HL ou par le fait de créer ou d'intégrer une guilde. Ici, c'est tout l'inverse.
Final Fantasy XIV laisse une grande place à l'improvisation, ce qui me plaît énormément. Et ce particulièrement sur les classes disponibles. Plutôt que de devoir choisir sa race et sa classe dès la création du personnage, et ne plus pouvoir y toucher par la suite, le titre de Square Enix ne vous fera choisir que votre race de départ. N'oubliez d'ailleurs pas que si vous ne jouez pas Lalafell, vous passez à côté du plus grand charisme disponible dans le jeu, mais je digresse. Choisir sa classe dans le jeu n'équivaut qu'à remplir un arbre de quêtes précis et porter le bon équipement. Aussi, si vous vous lassez d'un gameplay, si vous n'êtes pas convaincus par votre choix ou si vous avez besoin de remplir un autre rôle dans votre groupe, il vous suffit de… jouer différemment. Sans barrière. Votre niveau d'expérience n'est pas lié à votre personnage, mais à votre classe, et ça fait toute la différence. C'est un luxe incroyable de ne pas avoir la sensation d'avoir fait un mauvais choix. Simplement choisir. En toute décontraction.
La classe à Coerthas
Ce sentiment d'être sa propre personne libre de parcourir les plaines est particulièrement souligné par le scénario très travaillé. Certes, le segment "free to play" accuse quelque peu son âge ; les premières quêtes manquent d'un peu d'enrobage visuel et sonore que les extensions suivantes ont pu avoir suite au succès du jeu. Mais il n'empêche que l'on peut voir que ce MMORPG n'a pas oublié d'être un Final Fantasy. L'histoire est rendue particulièrement intéressant par son contexte. Dans l'univers du titre, la première version catastrophique du jeu équivaut au passé de l'univers. La refonte est utilisée scénaristiquement comme un cataclysme qui a bouleversé l'équilibre du monde, et une guerre sans merci pour échapper au même destin.
Tout ce qui est représentatif de la série Final Fantasy, notamment son attachement au rôle de la nature dans le monde et ses grandes créatures divines, sont intégrés à Final Fantasy XIV. Mais grâce à son gameplay plus immédiat et la grande liberté qu'il offre pour vivre l'expérience de la manière que l'on veut, il en évite avec aise les lourdeurs et les approximations. Final Fantasy XIV est une fête, les diverses collaborations qu'il a mis en avant avec le temps en sont la preuve. Et ça se ressent : il accueille n'importe quel type de joueur et lui permet de vivre son expérience comme bon lui semble. Si vous voulez jouer en équipe, de nombreux raids scénarisés vous attendent. Si vous voulez du défi, le late game en est rempli. Si vous voulez jouer, comme moi, à un MMO sans véritablement jouer à un MMO : vous le pouvez. Si vous voulez mélanger tout ça à l'envie, et faire le misanthrope jusqu'à pleurer aux portes d'un donjon pour que quelqu'un de votre stream vienne vous aider… C'est tout à fait possible.
T'as les Miqo'tes ?
Reste que Final Fantasy XIV est un jeu sorti il y a maintenant neuf ans, voire douze en comptant la première version. Son interface, bien qu'entièrement personnalisable, peut parfois être complexe à appréhender, particulièrement dans le suivi des quêtes. Sa liberté d'approche pousse souvent le joueur à être dans des menus plus que de raison, ce qui nuit à l'immersion. Et pour qui veut être le plus précis et rapide possible, la manette n'est pas forcément le meilleur setup.
Mais voilà, c'est justement ça que je retiens le plus de Final Fantasy XIV. C'est un MMO qui me laisse être très exactement le joueur que je veux être, et sait s'adapter à mon humeur changeante. Je veux absolument jouer à la manette ? "Pas de souci." J'apprends qu'une classe existe et paraît trop cool ? "T'inquiète, tu ne passeras pas à côté." J'ai zéro envie de jouer avec des gens ? "Continue la quête principale, elle est là pour toi." Mais si je veux affronter des boss cools avec des mécaniques intéressantes ? "On l'a prévu dès les premiers niveaux."
Final Fantasy XIV est le premier MMO que je croise qui offre une réponse à tous mes caprices. Et grâce à cela, il prend progressivement une place toujours plus importante dans mes envies de joueur. Que j'ai envie de streamer, de chiller, ou de retrouver mes amis, il est toujours là dans mes pensées. Je me surprends désormais à le conseiller à quiconque veut bien m'écouter car c'est indéniable : des années après sa sortie initiale, il mérite la hype qui l'a entouré, l'entoure et continue de l'entourer.