Ils l’ont fait ! Cette nuit, au Peacock Theatre de Los Angeles, les français de Sandfall Interactive, grands favoris de cette édition 2025 des Game Awards, ont marqué l’histoire. En remportant le titre très convoité de Jeu de l’Année ainsi qu’un nombre record de prix avec neuf récompenses, le RPG français Clair Obscur : Expedition 33 a fait sensation. Une édition particulièrement riche en émotions et en annonces avec aussi le retour de Lara Croft, de Star Wars, de Control, Megaman ou de Divinity.

The Game Awards 2025
C’est historique ! Neuf récompenses, avec en tête le fameux G.O.T.Y – pour Game of the Year – le trophée ultime de l’année. Clair Obscur : Expedition 33 des montpelliérains de Sandfall Interactive et édité chez Kepler Interactive réalise un quasi sans faute lors de la Cérémonie des Games Awards 2025 emmenée par Geoff Knightley et bat le record des 7 Prix décerné à The Last of Us, Part II en 2020.
Tout le monde en parle
Vous en avez sans doute entendu parler partout. C’est avec un œil amusé que les commentateurs du secteur observent la presse généraliste découvrir l’existence des Game Awards qui ont fêté leurs 10 ans l’an passé. Mais Cocorico ! pour reprendre le mantra global : le petit jeu dont personne n’avait entendu parler il y a quelques mois (paraît-il) s’est hissé jusqu’aux sommets. En plus du Jeu de l’Année, Clair Obscur s’alloue les trophées de Meilleure réalisation, Meilleure narration, Meilleure direction artistique, Meilleure musique, Meilleure performance, Meilleur jeu indépendant, Meilleur premier jeu indépendant et Meilleur RPG.
Il ne rate le fameux ‘Clean Sweep’, soit la razzia totale, en étant battu par Battlefield 6 dans la catégorie du Meilleur design audio et par Wuthering Waves au vote du public, plébiscité par un impressionnant soutien asiatique. La France était particulièrement représentée cette nuit par ailleurs, avec un prix pour la Meilleure équipe eSport décernée à l’écurie française Vitality et la présence de Nicolas Doucet de la Team Asobi, grand vainqueur de l’édition 2024 avec son Astrobot, faisant, comme le veut désormais la tradition, office de remettant l’année suivante. Une cérémonie longue et tardive que nous avons suivie en direct sur la chaîne YouTube de l’ami OtaXou.
Dans les autres catégories, on retiendra le Prix du jeu engagé pour le bien trop discret South of Midnight, un seul petit prix pour Hadès II (Meilleur jeu d’action) ou Hollow Knight : Silksong (Meilleur jeu d’action/aventure) qui faisaient pourtant partie des grands favoris, les sacres évidents de ARC Raiders en Meilleur jeu multijoueur et de Final Fantasy Tactics : The Ivalice Chronicles en Meilleur jeu de simulation/stratégie ou le doublé de Nintendo avec les Meilleur jeu pour la famille et Meilleur Jeu de sport/course attribués respectivement à Donkey Kong Bananza et au dernier volet de la série Mario Kart, Mario Kart World.
Au chapitre des absents et des oubliés, Hideo Kojima repart bredouille malgré la solidité de la proposition Death Stranding 2 : On the Beach. Sony fait de même avec son Ghost of Yōtei, suite spirituelle du très bon Ghost of Tsushima ; et tous nos espoirs de voir se distinguer le conceptuel Blue Prince de Dagubomb, qui a enchanté la Rédaction au printemps dernier, dans la catégorie Meilleur premier jeu indépendant ont aussi volés en éclats.
Côté jeux de combats, le petit nouveau 2XKO traîne la patte et s’incline devant papi King of Fighters, dans une joute où deux compilations de vieux titres s’étaient donnés rendez-vous, soulignant un cruel manque de propositions sérieuses cette année dans le genre. Sans l’ombre d’une surprise, GTA6 domine de la tête et des épaules la section Jeu le plus attendu de 2026, éclipsant le prochain James Bond 007 First Light, le Wolverine de Insomniac, le prochain Resident Evil Requiem ou le Witcher IV de CD Projekt.
Pour le meilleur et pour le pire
Aussi, si les Games Awards restent un marqueur important de la santé du jeu vidéo chaque année, certains choix éditoriaux restent sujet à réflexion – outre la mainmise sur l’industrie par un acteur privé qui traîne son lot de casseroles et ses alliances cooptées – La définition des catégories reste floue, les conditions d’éligibilité tout autant. On peut par exemple regretter la fusion des genres course et sport qui masquent la visibilité de certains titres majeurs, la disparition des concepts de plate-forme, de tir, et pourquoi pas l’ajout de genres en vogue comme les jeux de survie ou d’Arena Shooters qui permettrait de réunir les tendances, et de libérer les grandes catégories iconiques.
Dans le même ordre d’idée, une démarcation nette entre voice over et performance capture (doubler un personnage ou capter numériquement le jeu physique d’un acteur ou d’une actrice en plus) pourrait éviter les polémiques de localisation. Nous sommes en effet ravis du prix reçu par Jennifer English qui double le personnage de Maëlle dans Clair Obscur, mais ce travail de post synchro ne requiert pas la même implication que les acteurs et actrices dont la gestuelle et la voix ont été capturées lors de la conception même du jeu, étape par étape, servant de matrice même au travail final d'animation et d'expressions de visage…
Enfin, les Game Awards, c’est aussi une tribune qui coûte et qui rapporte. Les nouveaux titres se bousculent au portillon, désireux de se faire remarquer et de marquer les esprits ; et malgré le coût démesuré de plus de 500 000$ la minute d’après nos sources, apparaître entre deux catégories fait recette tant les annonces furent nombreuses : reveals, bandes-annonces, dates, casting, gameplay… Un mélange des genres symptomatique qui empêche le jeu vidéo d’être pris au sérieux en dehors de son marché. Vous imaginez un jour, un clip avec une grosse voix qui annonce l’arrivée l’an prochain du nouveau film Marvel avec une bande annonce et des figurants en armures qui font semblant de se battre sur la grande scène, entre la remise du Grand Prix du Jury et de la Palme d’Or au Palais des Festivals à Cannes ? Et bien, le jeu vidéo l’a fait. Plus de 10 fois. Et cette nuit encore.
Une pluie d'annonces
Si l’on peut toujours interroger la présence de toutes ces annonces au cœur d’une cérémonie de récompenses et la relégation des prix à parfois peau de chagrin, il n’en demeure pas moins que lesdites annonces avaient de quoi faire réagir. C’est paradoxal.
Cette année donc, entre les flux YouTube et Twitch, la Cérémonie s'est invitée sur Prime Video. On retiendra autant les annonces que les récompenses, dans un tout protéiforme pas toujours digeste. Comme avec l’arrivée de tout le casting du futur film Street Fighter sur scène. Un flottement dans le temps aux relents de fin 90’s, et une bande de jolis olibrius qui pensent encore le jeu vidéo comme on le voyait alors, incapable de s’affranchir d’un sensationnalisme de foire qui a fait la renommée du catch outre-atlantique.
Les Game Awards, c’est aussi ce moment où on essaie de deviner quelle personnalité du cinéma ou de la musique sera de la fête pour venir cautionner le fait qu’on va devoir compter maintenant avec petit-frère-jeu-vidéo autour de la table lors des repas de famille. Cette année, Jeffrey Wright, Milla Jovovich, David Harbour, Jason Momoa, David Dastmalchian ou Lenny Kravitz étaient de ceux-là.
De manière plus concrète on gardera en tête le retour de Lara Croft dans pas un mais bien deux jeux : Fate of Atlantis, remake du remake du Tomb Raider original, et un nouvel opus : Catalyst. Star Wars, enfin détaché d’une exclusivité improductive avec Electronic Arts qui n’en finissait plus, s'invite à nouveau avec des projets qui retiennent l’attention. On attendait un remake de KOTOR, nous aurons un FOTOR. Fate of the Old Republic, par Casey Hudson (KOTOR donc, mais aussi la trilogie Mass Effect ou Neverwinter Nights) s’invite dans la danse en compagnie d’un Galactic Racer qui ravira les nostalgiques de Episode I Racer. Dans la famille stratégie, c’est le grand retour de Total War qui délaisse la Rome Antique pour les confins de l’espace de Warhammer 40k. Un concentré d’action aussi épique que la licence.
Comme on a pu en débattre dans Multijoueurs sur BFM TV / Tech&Co avec Nodus de Canard PC et Mélinda qui anime toujours l’émission avec talent (et moi, beaucoup trop fatigué), les tendances de l’année restent très marquées, et divisées en trois grands ensembles : les Arena Shooters en équipes en PvE ou PvP, les Souls-Light (pas Souls-Like) d’action dans un univers asiatique fantastique horrifique ou des gatcha d’aventure matiné de logiques RPGS en cell shading. Heureusement, au-dessus de ce fatras peut-être pas dénué d’intérêt mais qui par essence est devenu très conventionnel, surnage un Phantom Blade 0 ou le très beau Ace Combat 8 Wings of Theve (Pas Steve donc).
Control Resonant, la suite de Control chez Remedy a lui aussi retenu toute notre attention, tout comme le Divinity de Larian Studios, lauréats du GOTY 2023 avec Baldur’s Gate III. Capcom était de la fête avec une hotte chargée de jouets par milliers : Pragmata bien sûr, mas aussi le retour de Leon dans Resident Evil Requiem et celui de Megaman en 2,5D courant 2027. Des annonces nombreuses et remarquées qui ont culminé chez moi avec l’atypique Coven of the Chicken Foot, un jeu où on incarne un grand-mère un peu revêche dans un univers fantastique entre Le Château Ambulant du Studio Ghibli et The Last Guardian de Fumito Ueda avec son gameplay asymétrique et un personnage comme doué de sa propre personnalité.











