Outer Wilds : ce voyage dont je ne suis pas revenu

Il y a quelques mois sortait Echoes of the Eye, le DLC de Outer Wilds. L’occasion pour moi de me replonger dans ce jeu à l’univers si particulier. Et au-delà du plaisir de fouler à nouveau le sol de ses nombreux paysages, l’inventivité du contenu additionnel finit par me convaincre : rarement un jeu ne m’aura proposé une expérience aussi touchante.

Auprès de mon âtre

La première découverte de Outer Wilds est une expérience unique que je ne peux que recommander. Le jeu, par son thème et ses mécaniques, arrive à faire vibrer une corde sensible en nous. En nous invitant à prendre part au voyage, c’est aussi le début d’une introspection beaucoup plus personnelle.

Je ne peux aussi que vous recommander d’éviter toute forme de divulgâchage lors de votre découverte. D’ailleurs vous ne devriez même pas être en train de lire ce papier sans avoir commencé le jeu de votre côté. J’essaierai de ce fait de me cantonner à une lecture très évasive et parcellaire pour ne rien vous dévoiler de trop.

Un dernier marshmallow pour la route

Ainsi commence cette étrange odyssée. En écoutant le crépitement rassurant du feu de camp, nous ouvrons les yeux pour découvrir le monde qui s’offre à nous. En face, un humanoïde nous interpelle, nous demandant si nous sommes prêt pour notre premier voyage. Où ça ? Eh bien dans l’espace pardi !

Notre ami, tout comme nous et la poignée de congénères qui vivent sur cette planète sont des âtriens. Les habitants de Âtrebois, une charmante planète pas plus grande qu’un petit village, parsemée de grands arbres verdoyants et de geysers écumants. Et comme beaucoup d’habitants de cette planète de poche, nous rêvons d’aventure.

Space is the Limit

Après une visite de notre village faisant office de didacticiel nous voilà fin prêts pour notre premier voyage. D’autres sont partis avant nous, leurs noms sonnent comme des mythes pour ce peuple à la curiosité insatiable. C’est aujourd’hui à notre tour d’entrer dans la légende. De plus, nous serons les premiers à entreprendre ce voyage équipé d’un traducteur. Celui-ci devrait nous permettre de comprendre les écrits laissés par les Nomaï, une civilisation apparemment antérieure à la nôtre.

Car si les âtriens en sont encore à l’aube de leur civilisation, ils ont rapidement découvert qu’ils n’étaient pas seuls dans cet univers. De nombreux vestiges furent retrouvés, leur donnant par ailleurs les clés du voyage spatial. Des Nomaï existent-ils encore ? D’où sont-ils originaires ? Quelle était leur quête lors de la découverte de ce monde ? Autant de questions qui passionnent les habitants d’Âtrebois et qui deviennent vite obsédantes pour le joueur.

Il est fier mon vaisseau

Fin prêts, nous découvrons la coquille de noix qui fait office de vaisseau. Embarqué sur ce frêle esquif, la navigation sera au début un peu hasardeuse. Mais qu’espérer de plus de la technologie de cette civilisation naissante ? L’important c’est que l’on puisse décoller et, avec de la chance, se poser.

Les réacteurs s’allument, nous quittons le sol et se dévoile alors la galaxie dans laquelle tout prend place. Au centre, un soleil. Et gravitant autour, quelques planètes, chacune à l’apparence différente et, nous le découvrirons bientôt, régies par des règles qui leurs sont propres.

Dessine moi un photon

Outer Wilds ne joue donc pas la carte de la démesure dans l’exploration. Le système solaire est constitué d’un nombre limité de planètes dont le tour peut être fait rapidement. C’est plutôt ce qu’elles recèlent qui viendra piquer notre curiosité. Que ce soit Léviathe, la planète balayée par de gigantesques typhons, Cravité, qui accueille en son sein un trou noir, ou encore les deux Sablières, qui communiquent en déversant du sable de l’une à l’autre, chaque planète possède sa part de merveilles et de dangers.

L’exploration commence, on se pose timidement sur une planète. Équipé de notre combinaison, nous faisons un petit pas pour les âtriens, mais un grand pas pour le joueur qui vient de prendre part à quelque chose qui va très vite le dépasser. En promenant notre traducteur, nous commençons à déchiffrer méticuleusement les écrits laissés par les Nomaï.

Sablière Noire se déverse dans Sablière Rouge… Ou c'est l'inverse ?

Nous découvrons leur comportement, retenons leurs noms, ressentons une partie de leurs espoirs et inquiétudes. De nombreux propos demeurent néanmoins cryptiques. Quel est cet étrange “Œil de l’Univers” dont ils parlent si souvent ? Quelle est cette lune qui ne semble apparaître que par moments pour disparaître juste ensuite ? Quel est ce mystérieux “Projet Sablière Noire” qui semble les obnubiler à ce point ?

Tant de questions qui jaillissent, l’aventure nous appelle avec son lot d’intrigues. L’heure de décoller vers une nouvelle planète et d’en découvrir encore davantage. Ceinture bouclée, décollage, détonation. Détonation ? Quelle est cette gigantesque lumière blanche qui nous aveugle ? On pourrait peut-être envisager de fuir si on essay… Trop tard. Game Over.

Un caillou dans la mare

Ainsi commence cette étrange odyssée. En écoutant le crépitement rassurant du feu de camp, nous ouvrons les yeux pour découvrir le monde qui s’offre à nous. En face, un humanoïde nous interpelle, nous demandant si nous sommes prêts pour notre premier voyage. Où ça ? Eh bien dans l’espace pardi !

Attendez, on l’a déjà dit ça, non ? Bien que notre ami ne semble garder aucun souvenir de tout ceci, vous avez la conviction d’avoir déjà vécu la chose. Et vous n’êtes pas fou. Bien que personne ne semble avoir gardé les événements en mémoire, les traces sont bien présentes sur le journal de bord de votre vaisseau.

Que reste-t-il de nos Nomaïs ?

S’ajoutent alors de nouvelles questions. Quelle est cette boucle de 22 minutes dans laquelle nous sommes piégé ? Que se passe-t-il et y a‑t-il d’autres personnes conscientes de ce phénomène ? Autant faire de cela un atout pour pouvoir explorer sans crainte. Au final, tout reprendra inlassablement devant ce feu de camp.

Alors happé dans cette boucle, commence l’exploration sous une nouvelle forme. Une forme sous laquelle nous apprenons de nos erreurs. Car Outer Wilds ne possède ni système d’expérience à gagner ou d’inventaire à remplir. La seule réelle progression est celle que vous allez acquérir de votre environnement. En vérité, vous pourriez même terminer le jeu dès la première fois où vous le lancez. Mais pas besoin de se précipiter, le temps n’est plus à sa place ici.

I'm Outta Time

Outer Wilds se décrit donc comme un monde ouvert mais avec une mécanique de boucle temporelle qui ne serait pas sans rappeler l’excellent Zelda : Majora’s Mask. Nous voilà donc, astronaute hors du temps, poursuivant inlassablement notre quête de vérité. Notre fidèle vaisseau consignant peu à peu les différentes pistes que nous découvrons.

Par son gameplay, il arrive alors à parfaitement justifier son propos. C’est d’ailleurs probablement la véritable définition d’un open-world que j’attendais. Plutôt que de viser une immensité que l’on remplit avec du vide comme l’aura fait Zelda : Breath of the Wild. La liberté d’action reste ici totale, il suffit de se laisser guider par son instinct et sa curiosité. Mais elle permet de découvrir un monde d’une cohérence époustouflante, notamment desservi par une narration environnementale méticuleuse. Et ce que l’on apprendra quelque part, tel un metroidvania, nous permettra de progresser ailleurs. Ainsi reconstituons-nous le gigantesque puzzle de cet univers.

Comme une pierre qui roule

J’évoquais le principe de soft-sf dans mon article sur Des Fleurs pour Algernon et sur la facilité d’accepter un postulat imposé. C’est exactement sur ce principe que repose Outer Wilds. Car même s’il nous fait incarner une espèce extra-terrestre dans un système solaire qui n’est pas le nôtre, de nombreuses idées, valeurs et théories se rapprochent de nos connaissances et notre instinct.

Piloter le vaisseau n’est au début pas une mince affaire. Le fonctionnement de certaines planètes peut paraître hostile voire mortel à qui n’est pas informé. Mais c’est en se familiarisant avec cet environnement et ses règles que l’on commence à s’y sentir finalement chez soi. Le sentiment grisant de gratitude et de liberté qui se forme alors en nous n’a rien à envier au plus chaud des soleils.

Dans l’œil du cyclone

La sortie du contenu additionnel m’aura donc permis de me replonger dans le jeu d’origine en essayant de tromper volontairement ma connaissance de joueur et de feindre de connaître certains acquis. Je me retrouvais alors étreint par une étrange sensation. L’impression de rentrer au domicile familial à la campagne. Ce cocon intouchable qui nous fait comprendre que tout va bien et que le temps s’écoule plus lentement ici.

Vient alors la suite, les nouvelles histoires révélées par Les échos de l’Œil. Des intrigues qui, sans être nécessaires, s’imbriquent parfaitement dans le scénario d’origine afin de nous offrir de nouvelles aventures et, inévitablement, de nouvelles questions. Le jeu se pare même d’un petit voile d’angoisse et de frisson sur certains moments pour une immersion encore plus importante. Mais pas de panique, vous pourrez à tout moment activer dans les paramètres une option vous permettant plus de légèreté sur ces passages.

Finalement, la réelle difficulté de Outer Wilds c’est de réussir à lui dire au revoir. J’en ai longuement discuté avec de nombreuses personnes ayant vécu une expérience similaire sur le jeu et le sentiment est unanime. C’est d’ailleurs ce qui me fascine encore aujourd’hui le plus sur ce jeu. Quel est ce pouvoir indescriptible qu’il fait résonner en chacun ? Qu’a‑t-il réveillé au plus profond de chacun pour nous laisser si démuni une fois terminé ?

Je cherche encore des réponses à tout cela. Et j’y reviendrai probablement. Cela n'était pas des adieux. Il ne reste alors qu’à se laisser hanter par sa bande-son sublime et hypnotisante. J’espère de votre côté que vous tenterez l’aventure et qu’à nouveau, je puisse poser cette question : en êtes-vous réellement revenu ?

Vous pourriez aussi aimer

Laisser un commentaire