Gravity Rush fut le jeu pour lequel j'ai acheté ma PS Vita day one. Je me souviens encore de sa première présentation lors du Tokyo Game Show, et suivre impatiemment le développement du jeu jusqu'à sa sortie, légèrement repoussée à l'époque, sur la console portable de Sony. À l'annonce de sa suite sur PlayStation 4, je fus comme beaucoup de gens légèrement déçu qu'il abandonne la PS Vita, mais également heureux de pouvoir retrouver une nouvelle fois Kat et Raven.
La sortie de Gravity Rush Remastered sur PS4, que j'ai testé pour Gamelove, m'aura permis de me rappeler à quel point il s'agissait d'un jeu spécial. Certes, son gameplay pouvait être un brin répétitif pour les plus nerveux… mais sa direction artistique, son ambiance et sa galerie de personnages en faisaient l'un des jeux les plus originaux sortis ces dernières années.
Lorsque Gravity Rush 2 a commencé à pointer le bout de son nez, j'ai cru y discerner une simple suite qui me permettrait de profiter une nouvelle fois de tout cela, sans qu'il n'affecte réellement la formule ni se permette plus que ce qu'il avait déjà accompli. De quoi titiller ma curiosité bien sûr, sans pour autant que j'attende grand-chose de celle-ci. Après avoir pu contempler la véritable fin du jeu, je peux déclarer une chose : je n'ai jamais été aussi heureux d'avoir tort.
L'exaltation du contrôle de la gravité
Au Japon, la licence se nomme Gravity Daze. En Amérique et en Europe, elle est connue sous le nom de Gravity Rush. Ces deux noms décrivent tous deux parfaitement le sentiment que nous offre le titre : contrôler la gravité, la mécanique de gameplay principale du jeu, a quelque chose de véritablement exaltant. C'est sur ce principe pourtant très simple qu'il est fondé, mais cette simplicité apparente n'empêche en rien le pur plaisir qu'il procure.
Se jeter du haut d'une plateforme pour tomber en chute libre avant de reprendre le contrôle de son personnage et viser un endroit précis ne lasse jamais, au même titre que passer n'importe quel Mario à sauter n'a jamais dérangé personne : il s'agit d'un sentiment que je qualifie de plaisir de jeu authentique, quand le contrôle d'un personnage est si bien travaillé qu'il devient amusant en soi. Un sentiment analogue à celui que m'aura procuré Batman Arkham City, à ceci près que Gravity Rush fait qu'au plaisir simple se couple l'originalité pour rendre la formule beaucoup plus forte.
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— Maxime (OtaXou) (@OtaXou) 20 janvier 2017
Ce plaisir était bien évidemment présent dans le premier titre, mais est magnifié par cette suite. Les nouveaux environnements créés pour celle-ci offrent beaucoup plus de verticalité que le précédent épisode et une transition plus organique entre ses diverses sections. Cette liberté de mouvement accrue décuple l'effet de découverte, augmentant encore et toujours l'attachement au plaisir simple de se balader.
Rajoutez à cela la grande spécificité de Gravity Rush 2 : l'apparition de deux pouvoirs différents influant votre contrôle de la gravité. Le style lunaire en particulier, vous rendant beaucoup plus léger et vous laissant vous propulser en hauteur ou vers l'avant pour parcourir le monde. Ce style est pour moi le parfait exemple d'un sentiment apparaissant manette en main très rapidement : on sent que les créateurs de la licence ont compris…
Keiichiro Toyama et son équipe ont compris parfaitement ce qui rendait le premier épisode spécial, et ont construit méthodiquement de nouvelles mécaniques afin de renouveler cette formule sans pour autant la ternir. S'agit-il là de la description d'une suite parfaite ? Exactement. Et Gravity Rush 2 ne le fait pas mentir manette en main.
Un univers toujours plus riche pour un ton plus grave
Le premier Gravity Rush n'avait pas que pour lui cette originalité dans le gameplay : sa direction artistique, inspirée par le dessinateur franco-belge Moebius, était elle-aussi un différenciateur remarquable. Dans cette suite, les aventures de Kat nous propulsent dans un nouvel univers à la suite d'une tempête de gravité l'ayant transportée Syd et elle loin de Hekseville.
Le jeu semble s'amuser dès le départ à nous faire comprendre qu'il n'est plus limité à la PS Vita. Démarrant dans un petit village aérien, il s'étend très rapidement vers une ville construite en 4 strates différentes ayant chacune leurs ambiances. Nous passons d'un quartier très riche, dont l'architecture s'inspire une nouvelle fois des architectures historiques d'Europe, à un quartier extrêmement pauvre et désolé où la poussière et le brouillard règnent en maître. Sans compter le quartier populaire, très coloré et bruyant, et le quartier militaire où les meilleures inspirations du steampunk nous offrent un contexte très métallique et abrupt.
Malgré leurs différences de design pouvant sembler choquantes à la lecture, le tout est cohérent scénaristiquement parlant. Car Gravity Rush 2 ne cherche plus à nous montrer comme trame principale la bonne volonté de Kat, mais plutôt un contraste. Celui de cette ville, organisée autour du clivage entre les riches et les pauvres, entre le sol et l'air. Mais le jeu aborde ces thèmes, indubitablement graves, avec une délicatesse faisant que l'énervement que ces injustices provoquent se mêle bien vite à la compréhension, la compassion et l'envie d'aider qu'il fait parallèlement naître en nous.
C'est un sentiment étrange, tout en nuance, qui colle parfaitement à l'héroïne du jeu Kat, plus adorable que jamais et qui est accompagnée par Raven, qui a troqué sa personnalité défensive pour une attitude amicale bienvenue. Ses personnages principaux et secondaires accompagnent eux aussi ce mouvement, de la petite fille un peu faible à la capitaine froide et sans pitié, du foreur fier à l'alcoolique notoire et son fils désabusé.
Alors que l'histoire se déroule avec un rythme soutenu, et non sans rebondissement, il est impossible de rejeter un constat simple mais très puissant : Gravity Rush 2 est un jeu de gentil, dans le meilleur sens du terme. Il est aussi prenant qu'il fait du bien au cœur, et le terminer laisse ce vide existentiel qu'une bonne œuvre est capable de créer lorsqu'on ne veut plus la quitter.
Seul le rythme de sa fin peut déconcerter : un premier générique vient conclure la trame commencée par ce deuxième épisode, mais le jeu est loin de n'avoir plus rien à offrir. Bien au contraire : 6 derniers chapitres vous attendent, et sont parmi les meilleurs auxquels j'ai pu jouer sur ces dix dernières années. Soyez sûrs d'une chose : Gravity Rush 2, sans le laisser penser au premier abord, répondra bien aux questions laissées en suspens par son premier épisode.
Il est bon de voir une histoire principale maîtrisée à ce point, qui offre à boire et à manger aussi bien aux nouveaux venus qu'à ceux ayant suivi la licence depuis ses débuts. Mais cela ne se fait pas au détriment des quêtes secondaires : quand Gravity Rush enchaînait les missions quelque peu vides de sens, cette suite en profite pour disséminer subtilement des indices sur le contexte politique de la ville ou certaines relations entre divers personnages, augmentant toujours plus l'intérêt de celles-ci pour quiconque se laisse porter par son univers féerique.
Plus de variété pour plus de richesse
S'il est un point sur lequel le premier épisode a pu être décevant, c'est dans ses combats. Ou plutôt, le fait que son bestiaire ne se renouvelait pas assez, faisant que beaucoup des affrontements qu'il proposait tendaient à avoir la même saveur. Aussi puissante que pût être la sensation de faire un Gravity Kick, elle était rapidement ternie arrivé au centième ennemi similaire.
Sur le pur plan du gameplay, Gravity Rush 2 augmente absolument tout. Je vous parlais précédemment des 2 nouveaux styles implémentés dans le jeu. Le premier vous fera vous téléporter à toute vitesse à travers les airs, vous permettant de pourchasser plus facilement les ennemis rapides. Un style qui règle au passage un des problèmes du premier jeu, tout en donnant un dynamisme bienvenu à des combats qui pouvaient auparavant sembler très en retrait avec beaucoup de phases de repos.
Le deuxième style rend au contraire Kat plus lente et lourde, améliorant la puissante de ses coups et vous permettant de charger votre Gravity Kick pour le transformer en frappe de zone surpuissante. De quoi affronter plus facilement une horde d'ennemis faibles, ou casser les armures des monstres forts plus rapidement. Tout ceci est à combiner avec les diverses capacités qu'elle possédait déjà auparavant, comme la glissade qui hélas n'a pas gagné en maniabilité sur cette version.
Gravity Rush 2 fait en sorte que ses affrontements mettent en avant la totalité de ses capacités, parsemant des monstres de faibles niveaux sur une situation donnée avant d'enchaîner les monstres rapides pour finir sur un semi-boss lent, mais à l'armure coriace. Aucune de ses capacités n'est jamais gaspillée.
Ce qui l'est bien plus, ce sont ses améliorations. Comme dans le premier épisode, il vous est possible de dépenser des diamants afin d'améliorer la force de sa frappe ou la portée de ses projectiles. Mais au cours de l'aventure, rares ont été les occasions où j'ai senti le besoin de le faire, tout comme je n'ai pas nécessairement eu envie de creuser les talismans qui permettent de gagner des compétences supplémentaires sur 3 slots. Bien que les menus du jeu soient magnifiques, prouvant encore l'attention portée au moindre détail par les développeurs, je n'ai finalement jamais été les explorer outre mesure.
En prenant en compte à quel point le reste du jeu est soigné, il est difficile de critiquer le fait que 2 de ses fonctionnalités soient en retrait. Encore plus alors que le jeu m'a tellement agrippé que je cherche la moindre excuse pour y retourner : creuser tout cela en est une très bonne.
En janvier, nous avons déjà le GOTY de 2017
Vous l'avez compris : je suis tombé sous le charme de Gravity Rush 2. Attendant "seulement" une nouvelle excuse pour replonger dans son univers, je me suis retrouvé amené à jouer à l'un des jeux les mieux conçus et étudiés que j'ai pu toucher sur PS4. Son gameplay, unique en son genre, procure encore plus de sensations alors que les développeurs ont su comprendre ce qui faisait sa spécificité et ont su travailler à améliorer et augmenter son impact.
Sa mise en scène, son scénario et son ambiance, travaillés jusqu'au moindre détail, propulsent le titre au-delà du simple bon jeu pour devenir l'un des plus grands de la ludothèque de la console. Même son ambiance sonore, avec des sons accompagnants parfaitement son action et des musiques entraînantes ou au contraire poignantes, n'est pas épargnée dans ce qui s'apparente à un travail d'orfèvre.
C'est bien simple : nous sommes en janvier, et j'ai déjà l'impression d'avoir joué à l'un des meilleurs jeux de l'année. J'ai fini l'aventure le souffle couplé par la maîtrise que m'a démontré ses développeurs, et le cœur lourd de devoir quitter son univers si attachant. Et que dire de l'offre en elle-même, alors qu'un DLC solo totalement gratuit arrive sous peu pour creuser le scénario de Raven, l'un des personnages les plus stylés et complexes de l'univers ? Le tout semble irréprochable.
Vous avez aimé Gravity Rush ? Vous adorerez Gravity Rush 2. Vous ne connaissez pas la série ? Gravity Rush Remastered, vendu à bas prix sur le PSN, vous permettra de facilement découvrir cet univers avant d'en voir la quintessence avec cette suite. Vous cherchez de l'originalité ? Gravity Rush 2 n'a que ça à vous offrir, et plus encore.
La licence de Sony prouve avec brio son potentiel et son intérêt avec ce second épisode, au point de me laisser l’œil pétillant et la bouche bée. Je dois littéralement me forcer à arrêter d'en vanter les mérites pour conclure ce test. C'est là la puissance de cette dernière production signée Japan Studio : la meilleure exclusivité japonaise de la PS4 pour sûr, si ce n'est la meilleure exclusivité tout court.
Pensée bonus : Keiichiro Toyama a gagné un nouveau stalker
Ce test a été réalisé grâce à une copie presse fournie par l’éditeur du jeu : aucune règle n’a été imposée sur son traitement, si ce n'est de fournir son lien post-publication.