Spider-Man : No Way Home danse sur le fil de ses infinies possibilités

Avec une phase 4 balbutiante qui peine à trouver son rythme, oscillant entre un calendrier chamboulé et des propositions en demi-teintes, le nouveau Spider-Man baptisé No Way Home est au centre de tous les regards. Il a en effet la lourde tâche de faire revenir un public hésitant en salles et de redorer le blason du MCU, morose depuis la fin de la phase 3. Et avec de grands pouvoirs, viennent de grandes responsabilités.

Le film reprend à la minute où s'est arrêté Far From Home

La trilogie du Spidey

Pas facile d’être dans les collants de l’homme araignée en cette fin d’année 2021. On est au centre de la toile. Les Éternels ont divisé les spectateurs, Black Widow n’a pas réellement trouvé son public, et les séries Disney+, si elles sont plutôt suivies, sont loin d’égaler l’engouement général suscité par la lutte des Avengers et consorts contre Thanos. Elle est loin l’urgence apocalyptique de Endgame. Le spectateur régulier des productions Marvel s’est abreuvé un temps au sympathique mais inégal WandaVision, aux errances plus terre-à-terre mais actuelles et importantes de Falcon et du Soldat de l’Hiver, avant de découvrir le passé de la Veuve Noire dans le film Black Widow. Plus qu’un réel pas en avant, ces productions donnaient surtout dans l’épilogue de la phase 3, et venaient combler nombre de vides et de questions laissées sans réponses après la dispersion des membres fondateurs des Avengers.

Il a fallu l’arrivée peu conventionnelle des logiques liées au multivers avec Loki et What if pour que l’étincelle se ravive. Un retour au rang cosmique plus loin, l’arrivée de nouveaux personnages plus ou moins attendus comme Blade, le Black Knight ou les fameux Éternels, et nous voici au point de convergence. La somme de tous les phantasmes, Spider-Man : No Way Home. Après un Homecoming qui plantait son décor et ses personnages, et un Far From Home qui laissait les fans de l’Araignée sur un climax inattendu, ce 3e film avec Tom Holland, Zendaya et Jacob Batalon en coproduction entre Sony Pictures et Marvel Studios se voit affublé de bien plus d’attentes que ce que ses seuls héros et intrigues propres ne pourraient le laisser supposer. Tandis que le grand public découvre le concept de multivers et qu’on a appris l’existence de plein de Loki différents dans la série éponyme, le marketing triomphant et la rumeur font le reste en s’engouffrant par la porte animée entrouverte par l’oscarisé Into the Spider-Verse. Et si, plutôt que de suivre la logique de LucasArts en dissociant le contenu ‘canon’ et ‘apocryphe’ – appelé Legends – on intégrait le matériel initial dans un grand tout ?

Toi plus moi, plus eux, plus tous ceux qui le veulent

Car qui dit multivers, dit plusieurs versions de chacun de nous. Et de chacun des héros et méchants qui parsèment le MCU. Il n’en fallait pas plus pour que la trilogie de Sam Raimi du début des années 2000 avec Tobey Maguire dans le rôle-titre et le diptyque des Amazing Spider-Man mal-aimés avec Andrew Garfield ne soient intégrés au récit. On l’a vu dans la bande-annonce, Alfred Molina reprend de la tentacule avec son rôle de Dr. Octopus plus de 20 ans après Spider-Man 2, Jamie Foxx revient nous électriser, Rhys Ifans reprend la blouse du Lézard, Thomas Haden-Church sa texture poudreuse d’Homme-Sable et Willem Dafoe revient cabotiner avec le sourire machiavélique et le regard fou du Bouffon Vert. La boucle est bouclée, le concept de multivers débarque sur le grand écran. Fan service ou véritable avancée en termes de storytelling ? Où mettre le curseur ? Kevin Feige a son idée…

Guess who's back ?

En dépit d’une campagne marketing placée sous le signe du minimalisme et de la retenue, il fallait bien donner envie aux fans de retourner en salles. Les différents teasers, trailers et autres spots s’en sont donnés à cœur-joie en jouant le vrai et le faux, quitte à supprimer numériquement des détails du film pour effacer certains éléments trop révélateurs. Tantôt un plan étrangement vide et décadré, tantôt un impact de coup sur un méchant sans personne en face pour le donner ; les deux Spider-Man des productions Sony sont-il eux aussi de la fête ? Si vous êtes à ce niveau de l’article, c’est que vous êtes à jour, on va donc arrêter nous aussi ce petit jeu. Car plus encore que la confirmation ou l’infirmation, le plus important reste le comment et le pourquoi. Qu’est-ce qu’impliquer trois Spider-Man peut raconter au-delà de faire plaisir à des hordes de fans qui ne rêvaient que de ça ?

Le Retour des Trois

Car oui, les trois sont bien au générique. Passée une très longue première partie qui tente de recoller tous les morceaux, et après une accélération étonnante qui prend le contre-pied de nos attentes, les deux Spider-Man débarquent à un moment particulièrement sombre de l’histoire. Plus qu’un cameo dont on pouvait craindre l’inutilité ou la frivolité, ils deviennent partie prenante de l’intrigue et sont présents pendant pas loin du dernier tiers des 148 minutes que dure le film. Et si la résolution du scénario engagé reste bien entendu la priorité, les deux ‘grands frères’ traînent avec eux leurs propres personnalités héritées de leurs arcs respectifs et ont eux aussi besoin de clore quelques dossiers restés ouverts après les conclusions tronquées de leurs propres aventures. Ou quand la production hollywoodienne vient perturber ou influer sur le lore. Comme on l’a dit, Kevin Feige, architecte du MCU, se pose dès lors en rassembleur, officialisant au passage la somme de productions estampillées Marvel mais initiées avant le grand projet unifié, là où d’autres auraient peut-être préféré mettre sous scellés tout ce qui n’était pas de son fait. Le bon manager. Celui qui débarque dans une boîte et remotive les employés déjà là et embauche selon son projet pour créer une seule équipe unie. C’est beau. Mais pas sans accrocs.

Beaucoup de l'énergie de la trilogie Spider-Man du MCU repose sur ce trio

Tout le monde n’est effectivement pas logé à la même enseigne. Matt Murdock, que les rumeurs avaient aussi annoncé, est bien dans le film sous les traits de Charlie Cox. Cependant, son apparition est tellement rapide et gratuite qu’on ne sait pas à date si la série Daredevil (et par extension Le Punisher avec Jon Bernthal) sont devenus officiels ou juste si le personnage introduit dans le MCU a les mêmes traits que celui de la série sans que ses aventures n’aient eu lieu dans le même univers. Et ce n’est pas la photo volée dans l’épisode 5 de Hawkeye d’un Vincent d’Onofrio de retour en Caïd qui pourra nous éclairer, quand bien même ce double reveal des deux antagonistes a eu lieu le même jour… Notons tout de même un détail qui devrait avoir son importance : Daredevil est plus rapide que Spider-Man et son spider-sens, ce qui traduit, à l’instar du ‘nouveau’ Bouffon Vert, un vrai power-up et un équilibrage général de tout ce microcosme héroïque au niveau du MCU.

Back is blague

Le film Far From Home s’achevait par une révélation majeure : dans un enregistrement vidéo, Mysterio alias Jake Gyllenhaal, laissait croire au monde que Spider-Man l’avait tué de sang-froid et que sous le masque de l’Homme-Araignée se cachait Peter Parker. Cet élément est le point de départ de l’intrigue. Voyant sa vie lui échapper et ses proches affectés, notre Peter trouve conseil auprès de Dr. Strange. Depuis la disparition de Tony Stark, notre héros se retrouve sans mentor et doit faire face à une situation inédite. Strange va alors tenter de faire oublier au monde l’identité de Spider-Man, mais les multiples changements que Peter opère alors que le sort est en train de se faire vont conduire à une situation dramatique : les portes du multivers s’entrouvrent et laissent passer dans notre dimension plusieurs personnages qui connaissent cette vérité.

Petit combat de bras

Alors oui, ça n’a ni queue ni tête, et autant certains de ces anciens-nouveaux méchants tirent leur épingle du lot, d’autres font littéralement de la figuration. Le Venom de Tom Hardy, à peine importé de Let There Be Carnage, repart sans autre forme de procès dans une scène post générique dispensable qui préfigure un non sens absolu : si c’est le fait de connaître l’identité de Peter Parker qui fait rappliquer les invités du film, qu’est-ce qu’il fout là Venom ? On n'avait pas d’autre solution pour ramener la symbiote ? Bon de toute façon comme rien ne va avec ces films, ne nous y attardons pas et reprenons le cours de notre discussion. Le Lézard de Rhys Ifans, fraîchement débarqué de The Amazing Spider-Man et déjà transparent dans son propre film, est juste un comic relief à base de gros dinosaure qui parle. L’Homme-Sable de son côté se voit affublé d’un pouvoir bien plus dévastateur, mais son personnage reste cantonné au niveau de réflexion bas du front d’un Hulk génération Avengers 1 : “Gnnnneuh je suis gentil ! Beuhargh, je suis méchant ! Grrrrr ! Je sers à rien sauf à cacher la perspective avec des tempêtes de sable…” Bon. Le sable est un isolant, ça pourrait être un contre à Électro, mais non.

Electric Jamieland

Ah tiens, parlons-en d’Électro. Jamie Foxx est de retour, mais exit le visage bleu boursouflé, les dents du bonheur et la mèche graisseuse et filasse de The Amazing Spider-Man 2. Jamie ‘ain’t it cool ?’ Foxx revient, mais avec un style de ranger et son vrai visage. Pourquoi ? Comment ? Parce que l’électricité ici est différente… Ta gueule, c’est magique. Soit. Cet illogisme ma foi bien trop gratuit est d’ailleurs constant tout le film : tout le monde comprend qu’il se retrouve dans un autre univers, et c’est accepté par tout un chacun comme s’il reprenait des pâtes à la cantine… ? Y a que moi qui trouve que ça manque d’impact ? Que c’est quand même étrange que tout le monde comprenne et que personne ne soit étonné ? Ah mais oui, c’est magique.

Sans que ce soit expliqué, on découvre un Électro plus proche de celui des Comics

Mais ne boudons pas complètement notre plaisir. L’ami Jamie est aussi là pour ponctuer ses apparitions de quelques répliques bien senties, dont une allusion fort appréciable pour préparer les audiences à l’arrivée supposée d’un hypothétique Miles Morales. Mais ce ne sera pas pour tout de suite. Électro est donc réécrit sans justification, mais il faut avouer que ce nouveau lui est quand même bien mieux réussi que sa version beta. Il dégage une vraie puissance et se pose clairement comme antagoniste le plus puissant du film, qui plus est renforcé au Réacteur Ark de Tony Stark. Le souci du détail se pose jusque dans son accoutrement avec ses multiples ceintures qui rappellent son costume original, ou dans ce masque électrique étoilé qui apparaît sur son visage lorsqu’il déchaîne ses éclairs autour de lui.

Magie : des idées de génies

S’il y a par contre deux méchants qui se distinguent c’est quand même Doc’ Oc’ et le Bouffon Vert. Dr. Octopus se paie même le luxe d’une grosse baston bien rythmée où certains de ses mouvements signatures sont repris, comme son fameux jeté de voiture. Mais au-delà des scènes d’action, c’est dans les moments plus intimistes que Alfred Molina fait la différence. Surjouant la colère au début, et ce jusqu’à ce que nos héros ne corrigent la puce qui anime ses bras articulés, quel plaisir de retrouver le vrai Otto Octavius. Son changement de camp, logique, fait plaisir à voir, et sa quête de rédemption sonne juste. Et ce n’est pas parce que trois autodidactes – certes héroïques – improvisent des remèdes dans la salle de chimie d’un lycée alors que des corporations de scientifiques ont échoué jusqu’ici qu’on ne doit pas y croire. (Ne me parlez pas de la machine à tout faire de Stark qui dort dans le penthouse de ce cher Happy s’il vous plaît).

Contre toute attente, la projection astrale ne marche pas contre les araignées. Sale bête !

À l’autre bout du spectre, Willem Dafoe est en roue libre avec ses regards de fou, mais l’écriture du film lui permet de justifier cet angle. Machiavélique comme jamais, sans pitié, déterminé, Norman Osborn gravit une nouvelle marche au Panthéon des gros connards de fiction. Alors oui Jean-Germain. Oui. Tout le monde avait grillé qu’il jouait de sa double personnalité et qu’il allait la faire à l’envers. Mais avait-on imaginé pareille folie ? Avait-on imaginé cette force colossale, ce sourire figé même sous les coups ? Cette envie absolue de faire le mal, jusqu’à la mise à mort préméditée de Tante May ?

Cry Me a River

Jusqu’ici, le Spider-Man de Tom Holland avait plutôt glissé sur ses films comme un ado sur son skate, évitant çà et là la bouche d’égout ou le trottoir trop haut. Le ton général était plutôt léger, malgré quelques incartades plus sombres. Même lorsqu’il prend part au combat contre Thanos, il faut attendre le snap de Tony Stark pour que l’adolescent soit vraiment secoué. Contre toute attente, Peter prend ici du plomb dans la tête. Avec son identité révélée, il met à mal malgré lui ses proches et subit à son tour le deuil. Pas celui de son Oncle Ben comme Tobey et Andrew, mais celui de Tante May. Triste parallèle en symétrie qui permet de replacer avec plus ou moins de réussite la célèbre maxime originale “With great powers comes great responsabilities”.

Le personnage de Tom Holland est confronté à d'importantes épreuves

Les deux autres Spider-Man portent eux-aussi leurs poids et leurs doutes. La rencontre des trois, la confrontation de leurs perspectives reste un des meilleurs arguments pour justifier de ramener tout ce petit monde. Alors. Passons sur l’affligeant “il faut forcément être un Spider-Man pour comprendre un Spider-Man. Random pécore qui aurait perdu son dernier parent c’est pas pareil”… Et reprenons là où ça fait mouche sinon je vais m’énerver. Andrew particulièrement, mais Tobey aussi, sont effectivement là pour faire relativiser le Spider-Man de Tom Holland. Mais plus que l’empathie présupposée entre les trois, c’est bien le retour à une sorte de normalité humaine qui fonctionne. Chaque Spider-Man, mais aussi chaque humain doit affronter des drames. Chacun a des réactions différentes. Mais nos aînés ont déjà expérimenté certaines pistes. Leur main tendue résonne chaleureusement au plus profond de nos détresses.

Tu es mon autre

Passées la petite boule au fond de la gorge et cette put*** de poussière dans l’œil, lorsqu’on est autant touché par la douleur jouée par Tom Holland que par les larmes d’Andrew Garfield, on comprend mieux le sens souhaité pour ce grand mix. Plus encore que de voir débarquer les deux acteurs dans leur costume rouge et bleu, c’est bien quand Andrew Garfield sauve Zendaya par exemple que j’ai senti l’utilité de tout ce fourbi. C’est la catharsis du Spidey de Garfield, lui qui n’a pas pu sauver sa Gwen Stacy qui fait chaud au cœur. Zendaya ne comprend pas en quoi c’est aussi important pour lui. Le spectateur oui : "Are you okay ? ‑Yes. – Are YOU okay ?" Et à chaque fois qu’une résolution est comblée de la sorte, le film emporte avec lui nos âmes d’enfants. Dans les dialogues, outre les punchlines humoristiques pertinentes ou lourdingues qu’échangent nos héros, c’est bien dans la finesse de certains dialogues que ce Spider-Man : No Way Home est plaisant. Le diable est dans les détails, et bon nombre de petites répliques sous-entendent beaucoup de choses pour les fans de l’Homme Araignée qui ont suivi tous les films et les reboots en série. Peut-être même que ces clins d’œil discrets participent plus au sentiment de réussite que les débauches d’action et d’effets spéciaux propres aux blockbusters des studios Marvel.

On l'espérait. Les chills quand ça arrive !

Dans le même ordre d’idées, le traitement des méchants, s’il est parfois un peu poussif et incongru, reste surprenant et intéressant. La réflexion sur leur devenir d’une part, mais surtout ce concept de souhaiter les corriger induit des discussions pour le moins inattendues et donne de la matière à ces derniers : leur univers existe en dehors des images gravées sur pellicule. Même le Spider-Man de Tobey Maguire lâche des indices quant à la vie qu’il a continué à mener de son côté. En ça, la scène du redressement de vertèbres qui compare les différences d’âge et la compréhension mutuelle entre les personnages est bien plus efficace que les blagues autour des dispositifs lanceurs de toiles.

Miroir mon beau miroir

Côté photo et réalisation, on reste par contre dans du très standardisé. Pas vraiment de décor incroyable. Aucune idée folle de mise en scène ne vient secouer l’édifice très cadré du MCU. La caméra de Jon Watts est prévisible, hormis en de rares occasions mais qui relèvent plus du studio d’effets spéciaux que de la réalisation en elle-même. À ce titre-là, je ne cache plus ma hâte de voir Dr Strange and the Multivers of Madness teasé en toute fin de générique tant les scènes mettant en avant Benedict Cumberbatch font la différence en termes de richesses de propositions. Tant dans les morcellement en miroirs auxquels le maître des arcanes nous a habitués que dans les perspectives vertigineuses et les distorsions, le film s’emballe. Et les effets d’étincelles et de runes enflammées restent toujours aussi réussis…

Chaque apparition de Strange fonctionne. Même en survet'

Quand bien même c’est Ned, le pote de Peter, qui s’y applique dans un grand “WHAT !? Mais qu’est-ce que c’est que cette merde ?” qui peut nous échapper. Ce qui me fait dire que l’arrivée des 2 Spider-Man historiques aurait pu être un peu plus whaouh… Mais au vu des cris dans la salle, leur seule arrivée suffisait peut-être ? Je reste pour ma part convaincu qu’on pouvait attendre plus et que ce petit flottement irréel qui s’ensuit pouvait être évité.

Mais oui mais c'est quand même bien stylé

Enfin, je reste curieux de voir comment, scénaristiquement, ils vont recoller tous les morceaux. On aurait pu penser que notre araignée sympa du quartier allait partir dans un autre univers par exemple, mais Peter fait le choix de disparaître aux yeux de toutes et tous. Si ce choix prouve à Strange et aux spectateurs qu’il a gagné en maturité, on peut se demander comment Marvel compte manœuvrer par la suite. Spider-Man va-t-il refaire la connaissance des autres héros pour un nouveau départ ? Ce retrait permettra-t-il d’introduire une nouvelle Gwen Stacy ? Comment les Avengers se remémorent les événements de Civil War ou d'Endgame où le personnage de Spider-Man a été déterminant ? La mémoire reviendra-t-elle à tout le monde au fil de la phase 4 ? Quand est-ce que Peter a appris la couture ?

Try a little tenderness

Artistiquement parlant, le cahier des charges estampillé Marvel verrouille encore une fois trop l’ensemble pour se démarquer, et c’est bien du côté des interactions entre ses personnages et la façon dont les studios profitent de l’engouement général pour clore leurs aberrations de productions inachevées qui fera date. Le film touche la fibre nostalgique incarnée il y a 20 ans par Tobey Maguire. Il réhabilite le personnage du Spider-Man d’Andrew Garfield, si tourmenté et touchant (mais pas ses films, toujours écrits avec les pieds, soyons sérieux). Il corrige ses méchants emblématiques et ses héros importés à l’aune de la nouvelle toise du MCU et on se prend à les imaginer évoluer dans ce grand bazar fluo et pop.

Lequel est le mieux 'corrigé' ?

À ce titre là, parlons rapidement musique et OST, avec notamment le thème du Spider-Man du MCU – remix du thème original des années 60 –, pourtant réinterprété par Michael Giacchino. Il souffre toujours de la comparaison aux anciennes compositions, et l'enchaînement avec celui de Danny Elfman lui met un lourd 10 – 0 sans appel. Du côté de la licence The Amazing Spider-Man, on se souvient surtout de la musique dub step d’Électro qui jouit une fois encore d’une utilisation synchronisée sur ses décharges, et cette logique est encore une fois bien menée.

Ce n'était donc qu'un costume tâché et retourné. Bien joué.

Avouons que ce n’est sans doute pas ce qu'on appelle du grand cinéma, mais le divertissement reste d’une solidité à toute épreuve. On préfèrera y voir le verre à moitié plein, même si on pouvais espérer que le tout ait un peu plus de sens – Michael Waldron, grand ordonnateur du multivers dans Rick & Morty ou dans l’ensemble du MCU n’a pas été impliqué sur le projet. – En résulte un certain paradoxe. Spider-Man : No Way Home est loin d’être une réussite, mais il reste un générateur certain d’endorphine pour qui arrive assez à suspendre son incrédulité.

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2 commentaires

SkynWK 26 décembre 2021 - 19 h 07 min

Merci de mettre des mots sur mon ressenti quand je n'en suis pas capable. Excellent article comme toujours.

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Menraw 4 janvier 2022 - 12 h 45 min

Merci beaucoup ! Et Bonne année 🙂

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