The Full Monty, la série : toujours à poil

Les chômeurs de Sheffield sont réunis vingt-six ans après le film d’origine dans une série disponible depuis le 14 juin sur la plateforme Disney+. Comment un "feel good movie" iconique des années 1990 a‑t-il pu se faire engloutir, lui aussi, par le studio aux grandes oreilles ? Dans une époque où tout est nostalgie, est-ce bien raisonnable de réserver le même traitement à des sujets sociaux qu’à des franchises à succès ? Pourquoi nous propose-t-on de retourner dans l’univers de The Full Monty entre un épisode de Star Wars et un remake de Peter Pan en prises de vues réelles ? Allons faire un tour dans mon petit monde intérieur, histoire de vous expliquer ce qui se passe.

Ça n’aura pas échappé aux lecteurs habituels du Grand Pop : nos rédacteurs entretenaient des liens étroits avec la chaîne Twitch qui s’appelait LeStream et dont la diffusion a cessé le 31 mai dernier. MenraW en était le Directeur des Programmes, OtaXou un chroniqueur régulier sur l’émission Le Journal du Hardware ou Starter, Sinethic a été chargé d’édition… Pour ma part, je fus chroniqueur dans l’émission cinéma baptisée à l’époque Le Récap Ciné.

Comme tous les intervenants de cette aventure, la web TV m’a invité à participer à une dernière grande émission au cours de laquelle le présentateur Maxildan n’a pas manqué de rappeler, avec autant d'humour que de respect, que j’avais su séduire le public en ramenant souvent mon sujet de prédilection qui avait pourtant tout pour le faire fuir : le réalisme social britannique. Et c’est vrai : je me suis spécialisé dans la culture d’un cinéma étrange, qui parle des difficultés des petites gens, en Grande-Bretagne. "Ceux qui ne sont rien", comme les appelle notre Président.

La pauvreté qui rapporte gros

Ça peut paraître insolite à une époque où la plupart des films populaires sont des suites, des prequels, des reboots, des requels et où les héros sont super sinon rien, justement. La pop culture que nous cultivons avec amour sur ce site est devenue plus colorée, explosive, extravagante et coûteuse que jamais. Chaque année, plusieurs films franchissent le milliard de dollars de recettes au box-office mondial, ce qui était encore assez loin d’être le cas quand je développais ma cinéphilie, dans les années 1990. A l’époque, il n’y avait guère que Titanic de James Cameron pour réaliser une prouesse pareille.

Ce réalisme social anglais produit par les USA

L’industrie a considérablement évolué et – ça paraît extraordinaire aujourd’hui, surtout pour le jeune public – quand j’étais adolescent, le réalisme social britannique faisait partie de la pop culture. En 2007, j’ai même consacré mon mémoire de fin d’études à démontrer pourquoi le film Trainspotting avait réussi à briser la frontière entre un cinéma qui ne concerne habituellement que les élites intellectuelles bourgeoises et le très grand public. La réponse se trouvait justement dans les codes de la pop culture, appliqués à ce cinéma : l’intégration de la musique populaire, l’esthétique volée à MTV, la cadence du montage, etc. On peut toujours croire que tout sépare les films de superhéros d’aujourd’hui du réalisme social britannique des années 1990. Pourtant, les chiffres du box-office sont les mêmes. En 1996, Trainspotting, pourtant interdit aux moins de 16 ans, a été vu par plus d’un million de spectateurs. On est même montés jusqu’à un million et demi pour la Palme d’or Secrets & Mensonges de Mike Leigh. La première fois que j’ai entendu parler de ces films, c'est dans la cour de récréation de mon collège.

Plus d’un quart de siècle plus tard, on m'invite encore à donner des conférences sur ce fameux réalisme social britannique. Je m’efforce d'expliquer ce phénomène : dans la seconde moitié des années 1990, c’était un genre qui  rapportait une moulaga de dingue. Des films à tout petit budget, aux acteurs presque inconnus, qui rapportaient très gros et qui chipaient les plus grosses récompenses du secteur. Et devinez comment Hollywood réagit lorsqu’il fait ce genre de constat ?

L’apparition de Fox Searchlight en 1994 n’est pas une coïncidence. La Twentieth Century Fox a repéré qu’il y avait de la très grosse caillasse à se faire dans le cinéma indépendant, et plus particulièrement dans le réalisme social britannique. C’est ainsi qu’en 1997, un an après les succès étonnants de Trainspotting et Secrets & Mensonges, a déboulé sur nos écrans The Full Monty. L’histoire se déroule dans la ville de Sheffield, au nord de l’Angleterre, qui a prospéré grâce à l’industrie sidérurgique avant de décliner aussi vite, dans les années 1980, laissant beaucoup de gens sur le carreau. Six chômeurs qui n’ont plus rien à perdre vont se réunir pour former un groupe de chippendales de la lose. Pas vraiment le profil d’un blockbuster. Pas le budget non plus : ça n'a guère coûté que 3,5 millions de dollars à produire.

Un grand moment de cinéma des années 90's

Ensuite, ça en a rapporté 257,93 millions dans le monde. En France, The Full Monty a été vu par 3,54 millions de spectateurs. Il a été nommé à quatre Oscars, parmi lesquels meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario. Finalement, il ne repartira qu’avec la meilleure musique.

Peu importe. On voit bien, cette fois, qu’on est sur l’échelle du blockbuster. Hollywood a réussi son coup : identifier la poule aux œufs d’or et faire sonner le tiroir-caisse. The Full Monty, tout comme Billy Elliot, est un produit fabriqué pour plaire aux masses par des bonshommes en costumes avec de gros cigares dans la bouche. C’est surprenant, contrariant, cynique et froid, mais c’est une réalité. D’ailleurs, ça ne doit pas nous gâcher la joie sincère que ces films nous ont procurée. Pour ma part, je me souviens être allé trois fois voir The Full Monty en salles, tant je voulais le faire découvrir à mes amis après l’avoir vu avec mes parents. J’en ai ensuite écouté la bande originale sur mon walkman, comme un vrai petit gras de l’époque, jusqu’à usure de la bande magnétique. C’est comme ça que j’ai découvert You Sexy Thing (I Believe in Miracles) de Hot Chocolate, Hot Stuff de Donna Summer ou encore la version de Tom Jones de You Can Leave Your Hat On. Qu’il soit fabriqué par Hollywood ou sur la table de montage de Ken Loach, peu m’importe : The Full Monty est un film qui a enthousiasmé la planète entière en parlant de gens si pauvres qu’ils sont obligés de se mettre à nu dans l’espoir de gagner un peu d’argent, le tout avec humour.

Le débat moral est sans fin. C’est un peu le même dilemme que ce qu’on appelle le greenwashing : certaines grandes entreprises sortent la carte écolo pour masquer un manque d’éthique plus général. On préférerait que le vrai problème soit réglé, mais on peut aussi se dire qu’une prise de conscience écologique a tout de même eu lieu.

I believe in miracles (Je crois aux miracles)

C’est la raison pour laquelle je ne fais pas la moue quand je vois apparaître la suite de The Full Monty en série, vingt-six ans plus tard, sur Disney+. Au contraire, cette production originale Stars en partenariat avec FX ne masque pas son identité : les grands studios ricains remettent le couvert. C’était déjà dans l’ADN du film d’origine. C’est leur licence, ils en ont les droits, ils l’exploitent… Pourquoi pas ? Après tout, de nos jours, n’ayons pas peur de nous répéter, tout est une suite, un remake, un reboot, un prequel, un requel… Osez me dire que vous n’irez pas voir la suite des aventures d’Indiana Jones dans quelques semaines !

Le problème reste plutôt de savoir ce que ça va raconter, car les héros de The Full Monty étaient déjà bien déglingués en 1997. C’était d’ailleurs l’objet même du film : comment ces épaves allaient-ils réussir à devenir sensationnelles en se mettant à poil ? Alors quoi, ils vont se remettre à poil vingt-six ans plus tard ? Ces six gars qui avaient entre trente et cinquante ans à l’époque et qui, par la force des choses, sont plutôt dans la fourchette de soixante à quatre-vingt aujourd’hui ? On voit mal comment une chose pareille pourrait se produire alors qu’on en est plutôt à se féliciter de les savoir tous bien vivants et disponibles pour jouer dans une suite.

Dès le premier générique, le prétexte à la série est déroulé en toute simplicité : les gouvernements se sont succédé depuis la "Cool Britannia" et Tony Blair. Il y a eu Phil Wilson, Gordon Brown, David Cameron, Theresa May, Boris Johnson, Liz Truss (qui, en quelques jours de résidence au 10 Downing Street, a vu se succéder un sacré petit paquet d’événements) et maintenant Rishi Sunak, premier chef de gouvernement hindou à occuper cette fonction dans une Grande-Bretagne post-Brexit. Tous n’ont eu qu’une promesse à la bouche : le nivèlement vers le haut. Alors ? Où en sont nos héros de The Full Monty maintenant ?

Evidemment, ils n’ont pas été beaucoup nivelés, ni par le haut ni par le bas. Et puis, d’abord, il s’agit avant tout de se souvenir que vingt-six ans, ce ne sont pas que des gouvernements qui se succèdent. C’est avant tout très long. Certains ont changé de vie ou de métier, se sont mariés, ont divorcé, ont eu des enfants, en ont perdu…

Ça va mieux pour Lomper (Steve Huison), par exemple. Lui qui était chômeur, homosexuel au placard et suicidaire à la fin des années 1990 vit aujourd’hui marié à un homme charmant, avec lequel il gère une petite boulangerie de quartier maladroitement baptisée "Les Grosses Miches". Car, si tout a changé pour lui – et plutôt en mieux – il a évidemment gardé son premier degré désespérant. Dave (Mark Addy) est toujours en surpoids, mais il travaille désormais aux côtés de sa femme Jean (Lesley Sharp), devenue directrice d’un lycée dont il gère la manutention. Mais leur couple bat de l’aile depuis la disparition de leur enfant en bas âge. Gerald (Tom Wilkinson) est à la retraite et passe son temps attablé aux Grosses Miches. Sa femme ne semble pas être revenue. Guy (Hugo Speer), qu’on croyait gay, est finalement plutôt bi et va épouser une femme plus jeune que lui, qui porte son enfant. Il est désormais PDG d’une compagnie d’assurance appelée Excello Commercial.

Ça va beaucoup moins bien pour Horse (Paul Barber), le Jamaïcain de la bande, qui ne bouge plus les jambes aussi bien qu’à l’époque. Il se déplace sur un petit scooter électrique ou avec une canne, vit de ses toutes petites allocations qu’il risque de perdre et souffre manifestement de nombreux soucis de santé, ainsi que d’un sérieux syndrome de Diogène. Enfin, Gaz (Robert Carlyle), le meneur de la bande, est égal à lui-même : il vit de petits boulots qu’il ne cesse de perdre en rêvant de la prochaine combine qui le rendra riche. Son fils Nathan (Wim Snape) est désormais dans sa trentaine et a donné naissance à un petit garçon handicapé qui se déplace en fauteuil roulant. Avec une autre compagne dont il est aussi séparé, Gaz a eu une fille, Destiny (Talitha Wing) qui rêve de compenser son échec scolaire en perçant dans la musique.

On ne va pas crier au génie, mais voilà un portrait qui ressemble à une vie ordinaire dans la cinquième ville la plus peuplée d’Angleterre. On aurait sans doute été bien plus mal à l’aise de les retrouver toujours ensemble, toujours chômeurs et toujours en train de danser.

Fan service croisé

C’est d’ailleurs sans doute la meilleure astuce de The Full Monty, la série : ne jamais (ou presque jamais) faire allusion aux événements du premier film. Un seul épisode sur les huit qui constituent cette saison (qui n’aura probablement pas de suite) fait appel au spectacle que préparent les six hommes pendant tout le premier film, et qui en est aussi le clou final. Autrement, jamais personne ne dit : "Hey ! Te souviens-tu de ce moment où nous avons improvisé un striptease pour échapper à la misère ?". Cet épisode de leur vie n’était manifestement qu’un épisode, désormais loin derrière eux. Ils n’y repensent pas, et on les comprend. Et quand quelqu’un finit par parler de l’éléphant qui est quand même dans la pièce, c’est avec réticence que le couvert est remis. Dans le dernier épisode, par touches très discrètes, les héros se souviennent qu’ils ont connu ce moment de gloire et de honte, ce moment ambigu qui reste certainement le pire, mais peut-être le meilleur de leur vie.

On remarque avec intérêt que The Full Monty approche la question du fan service avec beaucoup plus de distance que les habituelles suites nostalgiques. Trainspotting avait déjà dû affronter cette question avec T2 Trainspotting. La réponse apportée par Danny Boyle était différente. Les clins d’œil au film d’origine, vingt ans plus tôt, étaient nombreux, mais ils venaient en appui du propos du film : le temps d’une vie est suffisamment long pour que des boucles se forment et, au hasard d’une situation, un sentiment de "déjà vu" peut nous faire soudain rajeunir de vingt ans. Lorsque le héros, Mark Renton, se fait à nouveau renverser par une voiture, comme dans la séquence d’introduction du premier film, il s’appuie sur le capot et sourit, mais d’un sourire qui ne signifie plus : "J’ai vingt-cinq ans et je suis invincible". C’est un sourire qui dit : "J’ai quarante-six ans et je me fais encore renverser par des voitures". La première fois, c’est de la provocation. La deuxième, c’est de la mélancolie. C’est vraisemblablement pourquoi les deux plans ont été tournés en miroir l’un de l’autre.

On se dit d’ailleurs sans doute que, si l'occasion avait été offerte à Danny Boyle de tourner la suite de Trainspotting en série pour une plateforme, il aurait sans doute préféré cette option. Depuis le premier roman, Trainspotting est devenu une véritable saga littéraire à laquelle plusieurs saisons auraient pu être consacrées. Le choix de tout compiler en un film de deux heures a probablement participé à la perplexité d’une partie du public. T2 Trainspotting a d’ailleurs été un échec commercial partout sauf en Grande-Bretagne.

En profitant de l’opportunité de se convertir en série, The Full Monty peut faire peau neuve et s’illustrer véritablement comme un spectacle contemporain, et pas uniquement comme une vieillerie à laquelle il faut rendre hommage dans un temps qui ne sait plus que rendre hommage à tout. Un reproche – plutôt fondé – a souvent été formulé au sujet du réalisme social britannique : il a contenu sa dose de sexisme. C’est vrai : à force de parler des travailleurs, on a invisibilisé les travailleuses. The Full Monty n’en était d’ailleurs pas innocent. Les rares personnages féminins du film n’existaient qu’à travers le soutien (ou les difficultés) qu’elles apportaient à leur mari. Elles semblaient ne pas avoir d’existence en dehors de leur foyer. En 2023, sur Disney+, une série ne peut pas s’en contenter, ce qui a conduit les scénaristes à inclure davantage de personnages féminins et leur écrire toute une trajectoire. Par exemple, ce n’est pas la femme de Dave qui travaille avec son mari, mais plutôt l’inverse. C’est elle qui dirige l’école et lui qui passe le balai. Destiny, la nouvelle fille de Gaz, a des amis d’école, des ambitions, des problèmes à la maison et des peines de cœur. Sa professeure de musique Hetty, est aussi un personnage digne d’intérêt, avec sa vieille mère qui regarde le catch à la télé et ses problèmes d’alcool. Le tout participe à optimiser la diversité d’un récit qui sentirait trop les années 1990 autrement.

C’est aussi le cas jusque dans la production de cette série, très emblématique de ce début des années 2020, puisque le comédien Hugo Speer, qui joue le rôle de Guy (un des six d’origines) a été renvoyé en plein tournage pour comportement déplacé, ce qui a imposé la réécriture de toute une partie du récit (qui se sent malheureusement beaucoup). The Full Monty, la série a pris soin d’être un objet moderne en tous points, au risque d’agacer les téléspectateurs les plus usés par la bien-pensance. Mais que voulez-vous ? On vous rappelle que The Full Monty est un produit hollywoodien, et à Hollywood, on travaille en évitant les risques.

Ça danse toujours à l’ANPE

On ne va pas se laisser envahir par la nostalgie. Apprenons un peu à grandir. On aime toujours The Full Monty, mais on voit parfaitement les ficelles qui tirent cette marionnette de suite. N’allons pas jusqu’à énumérer les bouts de trame qui ne mènent finalement nulle part, les situations artificielles écrites uniquement pour épaissir des personnages plus minces, les scènes improbables qui commencent juste par deux personnages, assis par terre sans raison, côte à côte… The Full Monty, la série, comme son nom l’indique, n’est qu’une série. Elle pèche parfois par les travers du format : il faut un peu jouer la montre pour tenir sur huit épisodes, il faut offrir son instant de gloire à chaque personnage, il faut respecter le cahier des charges des temps modernes.

Mais restons reconnaissants aussi à ses indéniables qualités. Tout d’abord, ceux qui connaissent bien le film de Peter Cataneo (qui n’a pas donné grand-chose depuis) seront frappés de découvrir à quel point les acteurs du premier film tiennent toujours leur personnage. Par chance pour cette série (et par malheur pour eux), aucun d’entre n’est devenu une très grande vedette internationale. Robert Carlyle a été le méchant d’un James Bond, mais s’est fait un peu plus discret depuis une quinzaine d’années. Tom Wilkinson a joué les crapules dans des blockbusters hollywoodiens (Rush Hour, Lone Ranger) mais s’est aussi rangé, avec l’âge. Les plus observateurs reconnaîtront en Mark Addy le roi Robert Baratheon de Game of Thrones, mais ça ne suffira pas à le décrédibiliser ici. Vingt-six ans plus tard, ils restent tous suffisamment anonymes pour être encore crédibles en losers de Sheffield.

Dieu merci, c’est au scénariste d’origine Simon Beaufoy qu’on a confié les clefs du projet, en association avec Alice Nutter. On voit à quel point la production a soigné la parité. Les épisodes ont d’ailleurs tous été réalisés par Andrew Chaplin et Catherine Morshead. Peu importe : Simon Beaufoy (oscarisé depuis pour Slumdog Millionnaire de Danny Boyle) n’a rien oublié de l’humour pince-sans-rire du film et déploie de nouvelles merveilles d’ironie qu’il faut savoir saisir en plein vol, épisode après épisode. C’est toujours tendre et c’est toujours drôle, alors que demande le peuple ?

La bande est de retour, avec un peu plus de gris sur les tempes

Mais le plus important reste, si fabriquée par Hollywood soit-elle, la sincérité de cette série, qui remet l’église au centre du village. Quel projet de grande ampleur, quel blockbuster, quel superhéros, quelle série sur quelle plateforme vous rappelle que des personnes âgées meurent de faim dans les rues des grandes villes d’Angleterre, parce que le système des allocations n’a fait que se déshumaniser depuis le début du millénaire ? Qui est encore là pour dire qu’enseigner la musique à des lycéens est au moins aussi fondamental que de leur apprendre à lire, à écrire, à compter et à réfléchir ? Connaissez-vous beaucoup d’autres spectacles à destination de tout le monde qui mettent en scène des seniors dans un état de grande précarité, des artistes en panne d’inspiration parce qu’ils souffrent de troubles mentaux, et dont chaque épisode se termine par un numéro de téléphone que les plus démunis peuvent composer s’ils songent à mettre fin à leurs jours ?

The Show Must Go On

Moi aussi, je me fais vieux et je sais bien qu’il n’y a plus beaucoup de place pour le réalisme social britannique dans la "pop culture". D’ailleurs, je n’ai rien contre les films de superhéros, je vais tous les voir ! Mais à chaque fois que l’occasion m’est donnée de m’exprimer sur mon sujet de prédilection, je me rappelle que la raison pour laquelle j’aime les films de superhéros, c’est qu’ils n’invisibilisent pas encore totalement le réalisme social britannique, qui symbolise le maintien d’une forme de diversité à mes yeux. Tant que les héros ordinaires auront autant le droit de cité que les superhéros sur tous les écrans, le monde tournera rond. Car la survie de l’humanité est autant garantie par des êtres surnaturels qui volent et qui lancent des rayons laser que par une bande de chômeurs qui ébauchent des petits pas de danse dans la file d’attente de l’ANPE.

Vous pourriez aussi aimer

Laisser un commentaire